Chaque année, plus d’un quart des stagiaires engagés dans une formation financée par France Travail jettent l’éponge avant la fin de leur parcours.
Avec un taux d’abandon de 25,6% selon la DARES, ces formations peinent à remplir pleinement leur mission d’insertion professionnelle.
Problèmes de santé, difficultés financières, erreurs d’orientation : les motifs d’abandon sont multiples, mais appellent une réponse globale pour endiguer ce phénomène qui met en péril la crédibilité même du dispositif France Travail.
Dans cet article, nous allons essayer de découvrir les raisons qui poussent les apprentis à abandonner leur formation financée par France Travail ainsi que les bonnes pratiques pour prévenir ce fléau.
Ce qu’il faut retenir
- Les motifs d’abandon d’une formation financée par France Travail peuvent être liés aux aléas de la vie, au choix de formation ou à des contraintes matérielles.
- Il est cependant possible de prévenir ce fléau en adoptant les bonnes pratiques.
Pourquoi les apprentis abandonnent-ils les formations France Travail ?
Les abandons de formation sont un phénomène complexe et multifactoriel. Plusieurs raisons, souvent imbriquées, poussent les stagiaires à interrompre leur parcours avant son terme.
Des raisons multifactorielles
Les difficultés personnelles constituant un motif majeur
Des problèmes de santé, une situation familiale compliquée ou encore la perte d’un logement peuvent sérieusement perturber le suivi de la formation. Ces aléas de la vie, souvent imprévisibles, fragilisent l’engagement des stagiaires et les contraignent parfois à renoncer.
Le manque de motivation et un projet professionnel pas assez mûri sont également en cause
Certains stagiaires se retrouvent dans une formation par défaut, sans réelle perspective. Faute d’un objectif clair et d’une projection dans un métier, ils peinent à trouver le sens de leur parcours et finissent par décrocher.
L’inadéquation entre le contenu des enseignements et les attentes est source de déception
Le décalage peut concerner le métier préparé ou les modalités pédagogiques. Quand la formation ne correspond pas à ce qui était espéré, la motivation s’émousse et le risque d’abandon s’accroît.
Les contraintes matérielles, en particulier financières, fragilisent les parcours
Les frais de transport, de restauration ou de garde d’enfants grèvent le budget. Pour des stagiaires déjà précaires, ces coûts supplémentaires peuvent devenir rédhibitoires et les conduire à interrompre leur formation.
Un niveau de formation trop élevé génère du décrochage
À l’inverse, des contenus pas assez poussés suscitent de la démotivation. Trouver le bon équilibre entre exigence et accessibilité est un enjeu clé pour prévenir les abandons.
Face à ces motifs multiples, France Travail se doit d’apporter des réponses ciblées pour sécuriser les parcours de formation et donner à chaque stagiaire les meilleures chances de réussite. C’est tout l’enjeu des réformes engagées pour faire reculer le fléau des abandons et asseoir la crédibilité du dispositif.
Le taux d’abandon des formations France Travail : chiffres clés
Les jeunes, en particulier ceux peu diplômés, interrompent plus fréquemment une formation entamée : c’est le cas de 15 % des moins de 26 ans dont le niveau de diplôme est inférieur au baccalauréat. Les motifs le plus souvent évoqués pour expliquer un abandon de formation sont les contraintes personnelles, familiales ou de santé notamment, et la reprise d’emploi.
Des disparités importantes existent selon le niveau de diplôme préparé. Ainsi, 32% des stagiaires de formations Bac+2 abandonnent en cours de route, contre seulement 19% pour les formations certifiantes moins qualifiantes (CAP/BEP).
Ces moyennes masquent aussi des réalités différentes selon les régions et les secteurs d’activité. Les métiers en tension connaissent globalement moins d’abandons.
Les signes avant-coureurs d’un abandon de formation
Certains indicateurs permettent de repérer en amont un risque de décrochage :
- L’absentéisme et les retards à répétition constituent le signal d’alarme le plus visible. Un stagiaire qui décroche physiquement finit par décrocher tout court.
- La baisse de motivation et d’implication dans les activités et les travaux de groupe est un signe d’éloignement psychologique de la formation.
- Les difficultés à suivre le rythme, à s’organiser dans son travail, à rendre les devoirs dans les temps traduisent un décrochage progressif.
- Un stagiaire qui s’isole, ne participe pas, ne crée pas de liens avec ses pairs se met lui-même en marge du groupe et de la dynamique de formation.
- Enfin, l’expression verbale de doutes, de remises en question quant à la pertinence du projet ou de la formation laisse entrevoir un potentiel abandon.
Face à ce constat, les organismes de formation réagissent. L’enjeu est de taille, car chaque sortie prématurée est vécue comme un échec pour le stagiaire comme pour l’organisme.
Prévenir les abandons de formation : les bonnes pratiques
Face au fléau des abandons qui mine l’efficacité des formations, les organismes développent des stratégies de prévention. Voici quelques leviers qui ont fait leurs preuves pour favoriser la réussite des stagiaires :
Améliorer l’orientation et la sélection des candidats
L’amélioration de la phase d’orientation et de sélection des candidats est un premier axe de travail pour prévenir l’abandon de la formation choisie. Mieux informer en amont sur le contenu précis des formations, les prérequis nécessaires et les débouchés permet d’éviter les déconvenues et les désillusions.
Vérifier avec soin l’adéquation du profil du candidat avec la formation envisagée, via des entretiens poussés et des tests, limite aussi les risques d’échec ultérieur. L’enjeu est d’avoir des stagiaires motivés et bien orientés.
Le renforcement de l’accompagnement des stagiaires
Le travail de renforcement de l’accompagnement des stagiaires pendant la formation est aussi déterminant pour éviter l’abandon de la formation.
Les formateurs référents sont en première ligne pour repérer les signes de décrochage et proposer des solutions. Des points réguliers permettent de remotiver et de résoudre les problèmes avant qu’ils ne s’aggravent.
Adapter les contenus et les méthodes pédagogiques
L’adaptation des contenus et des méthodes d’apprentissage aux profils des stagiaires favorise leur engagement dans la durée.
Alterner les modalités (cours théoriques, ateliers pratiques, projets de groupe), proposer des supports variés et interactifs, des espaces ressources en ligne, maintient la motivation. Il s’agit de rendre les stagiaires pleinement acteurs de leur formation.
Justement, développer la motivation et l’engagement des stagiaires s’avère décisif. Cela passe par des projets concrets et fédérateurs, des challenges stimulants et des mises en situation professionnelle qui donnent du sens aux apprentissages.
Tisser des liens dans le groupe, instaurer un esprit d’entraide et de cohésion joue aussi beaucoup sur la persévérance. Les abandons sont moins fréquents quand les stagiaires se sentent épaulés.
Le rapport annuel 2022 du Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) indique que le taux de rupture des contrats d’apprentissage est de 25% la première année, souvent lié à un mauvais choix d’orientation ou des difficultés d’intégration en entreprise
Les formations France Travail face aux autres dispositifs
Les abandons de formation ne concernent pas uniquement les parcours financés par France Travail. Tous les organismes et dispositifs de formation professionnelle sont confrontés à cette problématique récurrente, mais dans des proportions variables. Pour bien situer les formations France Travail, il est intéressant de comparer leur taux d’abandon avec celui d’autres types de formations.
Suivant l’enquête Post-Formation de la DARES, 8 % des personnes en recherche d’emploi qui étaient en formation en 2019 ne l’achèvent pas. Les motifs personnels, tels que les contraintes familiales et les problèmes de santé, sont le plus fréquemment à l’origine de ces abandons (24 %). 22 % des personnes évoquent un retour à l’emploi et 19 % indiquent que la formation ne leur convient pas (niveau trop élevé ou insuffisant, formation mal adaptée ou mal organisée).
C’est en quelque sorte la “norme” du secteur. Or, d’après les chiffres de la DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), les formations France Travail affichent un taux d’abandon de 25,6%, soit un écart de plus de 7. points.
Les parcours en alternance sous statut de stagiaire de la formation professionnelle connaissent quant à eux un taux d’abandon d’environ 20%.
Voici un tableau récapitulatif montrant le taux des stagiaires selon le type de formation :
Type de formation | Taux d’abandon | Source |
---|---|---|
Formations certifiantes (tout dispositif) | 18% | CÉRÉQ 2023 |
Formations France Travail | 25,6% | OSE 2022 |
Formations en alternance | 21% | DEPP 2023 |
On constate ainsi que les formations financées par France Travail connaissent un taux d’abandon considérablement plus élevé que la moyenne des formations, tous dispositifs confondus.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet écart. D’une part, les publics orientés vers ces parcours sont souvent plus fragiles et précaires, cumulant des difficultés sociales et économiques qui fragilisent leur engagement en formation.
D’autre part, les parcours France Travail sont généralement plus longs et exigeants que la moyenne, ce qui peut générer une usure et un découragement progressif chez certains stagiaires.
À l’inverse, on observe que les formations en alternance, qui combinent périodes en centre et périodes en entreprise, parviennent mieux à limiter les abandons grâce à un lien fort avec le monde professionnel et une mise en application directe des acquis.
Au final, le taux d’abandon constitue un indicateur clé pour évaluer la qualité et l‘efficacité des formations professionnelles, au même titre que le taux d’accès à l’emploi à l’issue des parcours.
Sur ce critère, force est de constater que France Travail doit encore progresser pour se hisser au niveau des dispositifs les plus performants. C’est une condition nécessaire pour que ce jeune organisme puisse remplir pleinement sa mission d’accompagnement et d’insertion professionnelle des publics fragiles. Les marges de progrès sont réelles et appellent une mobilisation de tous les acteurs concernés.
Quelques questions que vous pourriez avoir sur “Quels sont les différents motifs d’abandon d’une formation financée par France Travail ?
Le taux d’abandon des formations France Travail est de 25.6% selon la DARES, C’est plus élevé que la moyenne des formations certifiantes (18%).
Les principaux motifs ‘abandon des stagiaires France Travail sont les problèmes de santé, les difficultés financières et les problèmes familiaux. S’y ajoutent les erreurs d’orientation et le manque de motivation.
Oui, les abandons concernent tous les types de formations, mais dans des proportions variables. Les formations en alternance ont par exemple un taux d’abandon plus faible.
Pour réduire le nombre d’abandon, France Travail peut agir sur l’orientation, l’accompagnement individualisé et l’adaptation des méthodes pédagogiques. Renforcer la motivation des stagiaires est aussi essentiel.
Oui, abandonner une formation France Travail a des conséquences pour les stagiaires. Cela peut entraîner une suspension ou une réduction des aides et allocations. Dans certains cas, le stagiaire peut être tenu de rembourser les frais engagés.
Si vous rencontrez des difficultés pendant ma formation France Travail, il faut en parler rapidement à votre formateur référent ou au responsable pédagogique. Des solutions peuvent être trouvées pour vous aider à poursuivre votre formation.